La multiplicité ethnique est une source incontestable de richesse culturelle pour le pays. L’empreinte de l’histoire marque plus particulièrement certaines communautés, à l’instar de la descendance créole brésilienne qui, de retour en Afrique, a rapporté un style architectural spécifique qui fait de la mosquée de Porto-Novo la réplique d’une église de Salvador do Bahia. De même que les traditions orales sont très ancrées dans la culture populaire (le Guèlèdè, genre oral majeur au Bénin, est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco), les croyances et pratiques religieuses imprègnent la vie quotidienne des Béninois. La diversité des cultes témoigne du caractère pluriel de la société où les populations chrétiennes, musulmanes et animistes se côtoient.
Expression des traditions ancestrales, l’Art béninois conserve toute la splendeur de son héritage. Un travail du bois, du cuivre, du fer, du bronze, de la poterie, de la vannerie et de la peinture qui assure aux artistes béninois une reconnaissance au-delà des frontières du pays. Le Bénin s’illustre également par des vestiges historiques, des palais richement décorés portant la preuve de son histoire glorieuse. L’animisme repose sur une conception polythéiste de l’univers. L’ensemble de cette conception composée de divinités diverses est appelé Vodoun dont le Bénin est incontestablement le berceau. Le Vodoun est adoré dans l’aire culturelle Adja-Tado et Yoruba.
Malgré l’existence de l’Islam et du Christianisme, le Vodoun garde encore une grande vivacité dans les communautés nationales et noires transplantées par la traite négrière, dans les îles caraïbes : Cuba, Brésil et Haïti. Les prêtres du culte Vodoun forment un véritable clergé bien hiérarchisé. Ils collaborent étroitement avec les Bokonon, devins guérisseurs pratiquant la géomancie du Fâ. Au Bénin, grâce au phénomène du syncrétisme (système qui tend à fondre plusieurs doctrines différentes), Catholiques, Protestants et Musulmans participent harmonieusement aux festivités annuelles du Vodoun. Le 10 janvier est férié au Bénin : fête nationale des cultes traditionnels. Il y a au Bénin trois grandes familles religieuses :
La cité de Tado, au Togo actuel, est le berceau des peuples du sud du Bénin d’origine adja.
La migration de ces peuples est associée à une légende selon laquelle la fille du roi Tado rencontra un jour une panthère inoffensive (emblème du Bénin), qui lui donna, quelques mois plus tard, un fils du nom d’Agasu. Élevé à la cour du royaume, il devint ensuite père de nombreux enfants. L’un d’entre eux, Adjahuto, tua le prince héritier et s’enfuit avec le crâne et la lance d’Agasu vers Allada, où il fonda son royaume. Ses fils devinrent aussi rois : Meidji régna sur Allada, Zozérigbé sur Porto-Novo et Do-Aklin sur la région de Bohicon. Le neveu de ce dernier, Houégbadja, créa le royaume d’Abomey. Leurs descendants sont les Adja, Xwla, Huéda, Ayizo, Mahi et Gun.
Mais la branche la plus importante, apparentée aux Adja est celle des Fon, à l’origine du puissant royaume d’Abomey. Les Fon représentent 39,2% de la population béninoise. L’importance de ce groupe ethnique est telle que la langue fon est comprise jusqu’au nord du pays.
Les Yoruba, ou Nago, occupent le sud-est et le centre du pays. Originaire de l’actuel Nigéria, les yoruba sont implantés de très longue date au Bénin. On raconte que Odudua, ancêtre mythique qui a fondé la ville d’Ifé au Nigéria, envoya ses fils fondé de nouveaux royaumes. Les descendants du royaume d’Ifé créèrent ainsi les royaumes de Savé et Kétou. Constituant 12,3% de la population, les Yoruba sont concentrés au sud-est et au centre-est du pays. La plupart sont des commerçants et dominent le marché de Dantokpa à Cotonou (un des plus grand marchés d’Afrique de l’Ouest). Les Nago qui sont installés plus au nord de Porto-Novo, pratiquent essentiellement l’agriculture. Enfin, les afro-brésiliens, ces descendants d’anciens esclaves affranchis revenus du Brésil, sont également d’origine Yoruba, et se distinguent dans le passé par leur bon niveau d’instruction.
Aussi appelés Fulbe et Fulanis, les Peuls ont fait l’objet de nombreuses recherches sur leurs origines. Disséminés dans toute l’Afrique de l’Ouest, ce peuple de pasteurs est vraisemblablement issu des populations qui habitaient le Sahara à l’époque néolithique et qui ont peint les fresques de Tassili. Nomades et éleveurs de bovins, certains ont été islamisés (Peuls noirs), d’autres ont gardé leur croyances traditionnelles (Peuls rouges). Au Bénin, les Peuls cohabitent harmonieusement avec les peuples sédentaires et se rencontrent surtout dans le nord du pays, faisant paître leurs troupeaux de vaches dans la vallée du fleuve Niger. Ils représentent 7% de la population. Chaque année, à la fin de la saison des pluies, toute la communauté se retrouve à Kandi pour célébrer la grande fête du Gereol.
Le bétail est leur principale richesse. Ils l’accumulent en prévision de la sécheresse, de la dot et des échanges traditionnels. Ils échangent le lait contre du mil ou des produits manufacturés.
Il faut aussi citer les
Bètammaribè, dits
Somba, qui représentent 6,9% de la population et qui vivent dans
l’Atakora
depuis plusieurs générations. Leurs ancêtres s’étaient
réfugiés dans les montagnes
pour échapper aux cavaliers Bariba et aux
razzias esclavagistes du royaume d’Abomey. Se sont mêlés à ce groupe les Berba, les Yowa venus du Togo, et les Gulmaceba venus du Burkina Faso.
On trouve aussi dans le nord-ouest les Dendi qui ont quitté le Mali en descendant le fleuve Niger au XVIe siècle.
Enfin, au sud, on trouve les Mina (2,8% de la population), originaires du Ghana et peuplant la région de Grand-Popo.
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